Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/103

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dez de moi, c’est celle de votre grand’mère. Écoutez-moi. Si je vous fatigue, dites-le moi, car je ne serai pas bref, heureux de m’étendre sur un sujet si singulier et dont j’ai rarement l’occasion de parler. »

« C’est entendu, dit Elvire, dites-moi tout ce que vous savez touchant ma grand’mère. Je crois qu’elle devait me ressembler. »

« C’est vrai, répliqua le vieil Otto après l’avoir attentivement regardée, mais elle avait l’air boudeur et insolent à la fois, tandis que vous avez surtout l’air renfermé. »

« Comme je l’aime, s’écria Elvire, et comme elle était heureuse de vivre en une époque aussi pleine d’imprévu. »

« Ne vous plaignez pas ! dit doucement le sergent qui avait pris le nom d’Ovide. Ne vous plaignez pas ! En fait d’imprévu, vous me semblez bien servie, la Russie, les grands ducs, la peinture et la guerre ! que vous faut-il de plus ? »

« Ce n’est pas la même chose, observa Elvire. Pour étonnante qu’elle paraisse,