Page:Apollinaire - Le Flâneur des deux rives.djvu/20

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grille, qu’Alexandre Treutens, au retour de ses pérégrinations, venait faire des vers.

Ce poète populaire était plus pauvre que les plus pauvres. Il composait des poèmes vaguement humanitaires qu’il récitait aux terrassiers ou aux mariniers, dans les bistrots. Quelles obscures raisons avaient amené ce petit homme triste à délaisser son métier de cordonnier pour la poésie ? Il errait aux environs de Paris, et, quand il s’arrêtait dans une localité, il avait un tel souci de respecter l’autorité, qu’il subordonnait son inspiration au bon plaisir du maire de l’endroit. J’ai vu, de mes yeux vu, une pièce authentique délivrée par la mairie d’Enghien et donnant au nommé Alexandre Treutens la permission d’exercer pendant un jour, dans la commune d’Enghien, la profession de poète ambulant.



Dans la rue La Fontaine, du côté gauche, il y a un long mur gris sombre. Une porte qu’on ne franchit pas sans difficultés donne accès dans une cour où