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LES ONZE MILLE VERGES


laient consciencieusement en contemplant les yeux dilatés, ce spectacle paradisiaque au sens mahométan.

De temps en temps, un puissant jet de foutre jaillissait d’un de ces vits pour aller s’aplatir sur un uniforme voisin ou même dans une barbe.

Après les girls, l’orchestre attaqua une marche bruyante et le numéro sensationnel se présenta sur la scène. Il était composé d’une Espagnole et d’un Espagnol. Leurs costumes toréadoresques produisirent une vive impression sur les spectateurs qui entonnèrent un Bojé tsaria Krany de circonstance.

L’Espagnole était une superbe fille convenablement disloquée. Des yeux de jais brillaient dans sa face pâle d’un ovale parfait. Ses hanches étaient faites au tour et les paillettes de son vêtement éblouissaient.

Le Torero, svelte et robuste, tortillait aussi une croupe dont la masculinité devait avoir sans doute quelques avantages.

Ce couple intéressant lança d’abord dans la salle, de la main droite, tandis que la