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LES ONZE MILLE VERGES


sautant de la nacelle, vous êtes bien honnête et la réception que vous nous faites nous dédommage de bien des fatigues. Laissez-moi vous demander pardon de vous avoir fait cocu à Saint-Pétersbourg avec votre maîtresse Hélène, l’institutrice française de la fille du général Kokodryoff

— Vous avez bien fait, riposta Fédor, figurez-vous que j’ai trouvé ici sa sœur Culculine, c’est une superbe fille qui est kellnerine dans une brasserie à femmes que fréquentent nos officiers. Elle a quitté Paris pour gagner la forte somme en Extrême-Orient. Elle gagne beaucoup d’argent ici, car les officiers font la noce en gens qui n’ont que peu de temps à vivre et son amie Alexine Mangetout est avec elle.

— Comment ! s’écria Mony, Culculine et Alexine sont ici !… Menez-moi vite auprès du général Kouropatkine, il faut avant tout que j’accomplisse ma mission… Vous me mènerez ensuite à la brasserie.

Le général Kouropatkine reçut aimablement Mony dans son palais. C’était un wagon assez bien aménagé.