Page:Apollinaire - Les Onze mille verges, 1911.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LES ONZE MILLE VERGES


monumentale en marbre blanc. Les Chinois qui labourent à l’entour la respectent et la mère mandchoue, répondant aux questions de son enfant, lui dit :

— C’est un cavalier géant qui protégea la Mandchourie contre les diables occidentaux et ceux de l’Orient.

Mais le voyageur, généralement s’adresse plus volontiers au garde barrière du transmanchourien. Ce garde est un Japonais aux yeux bridés et vêtu comme un employé du P. L. M. Il répond modestement :

— C’est un tambour-major nippon qui décida de la victoire de Moukden.

Mais si, curieux de se renseigner exactement, le voyageur s’approche de la statue, il reste longtemps pensif après avoir lu ces vers gravés sur le socle :

CI-GÎT LE PRINCE VIBESCU
UNIQUE AMANT DES ONZE MILLE VERGES
MIEUX VAUDRAIT, PASSANT ! SOIS-EN CONVAINCU
DÉPUCELER LES ONZE MILLE VIERGES

FIN