Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


ENTRE LA MORT ET LA VIE
RÉCIT FANTASTIQUE


« C’est un samedi, à six heures du matin, que je suis mort. »
Émile Zola.

I

Il était huit heures du soir, quand le docteur approcha son oreille de mon cœur, porta un petit miroir à mes lèvres et, s’adressant à ma femme, lui dit d’un ton solennel et doux :

— Tout est fini !

À ces paroles, je compris que je venais de mourir.

À vrai dire, j’étais mort bien avant : depuis plus de mille heures j’étais inerte et muet ; mais, de loin en loin, je respirais encore. Pendant toute ma maladie je m’étais cru comme enchaîné à un mur par des chaînes tenaces ; mais peu à peu les souffrances avaient diminué, les chaînes s’étaient rompues et les deux derniers jours, seul, un