Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/12

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prose ; le plus connu de ceux que nous avons est sa Métamorphose ou l’Ane d’or en onze livres. C’est une fiction allégorique pleine de leçons de morale cachées sous des plaisanteries ingénieuses. On y distingue sur-tout l’épisode touchant des amours de Psyché et de Cupidon, imité et développé par La Fontaine, dans son roman de ce nom. Ses autres productions roulent sur la philosophie Platonicienne, que l’auteur avoit embrassée. Nous avons parlé de son apologie, et nous l’avons louée, quoiqu’on y trouve quelquefois les déclamations d’un réthoricien, et les fausses idées d’un philosophe superstitieux.

Apulée étoit d’une jolie figure, savant, homme d’esprit. On a observé cependant qu’avec toutes ces qualités, et l’art magique qu’on lui supposoit, il ne put jamais parvenir à aucune magistrature. Ce ne fut pas par indifférence philosophique ; car il se faisoit un honneur d’avoir un emploi de prêtre, qui lui donnoit l’intendance des jeux publics, et il disputa vivement contre ceux qui s’opposoient à l’érection d’une statue dont les habitans d’Oëa voulurent l’honorer. Il dit cependant quelque part, qu’il auroit acheté, au prix de son patrimoine, le mépris de ce patrimoine. Son cœur étoit généreux ; il soulagea les indigens ; il secourut ses amis ; il reconnut les soins de ses maîtres ; il dota leurs filles ; et sa libéralité fut cause en partie de l’indigence