Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/16

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L’animosité commune à toute la secte d’Apulée contre le christianisme, et la superstition qui lui étoit particulière, furent soutenues et fortifiées par des motifs personnels. Il avoit épousé une riche veuve, contre le gré des parens de son premier mari, qui tachèrent de faire rompre son mariage, en l’accusant d’avoir suborné l’amour de cette femme par le moyen de la magie : il en fut accusé juridiquement devant le proconsul d’Afrique, par Licinius Emilianus, beau-frère de sa femme.

M. Warburton prétend que cet Emilianus étoit chrétien ; et les preuves ou les conjectures qu’il en apporte, tirées du caractère qu’Apulée donne lui-même d’Emilianus, paroissent plus que plausibles. Ainsi, conclut-il, l’aversion du philosophe contre son accusateur a dû contribuer à augmenter ses préventions contre les chrétiens, et son zèle pour le paganisme ; et c’est ce zèle qui lui a fait enfanter sa Métamorphose, qui n’est autre chose, selon l’auteur Anglois, qu’un traité ingénieux, écrit pour montrer l’utilité des mystères, et en recommander la pratique. Il est évident que cet ouvrage n’a été fait que depuis son accusation, puisque ses ennemis n’en ont fait aucun usage pour seconder leur attaque, et qu’ils avoient pu y trouver des traits favorables à leur dessein. Il faut se rappeller que les anciens regardoient l’initiation aux mystères, comme la délivrance d’un état de mort ou de vie, de brutalité ou de misère,