Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/184

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couché sa maîtresse, entre dans ma chambre en me jettant des roses, et en ayant une bien épanouie dans son sein ; ensuite elle m’embrasse étroitement et m’enchaîne en badinant avec des guirlandes de fleurs. Après qu’elle en eut répandu quantité sur mon lit, elle prend un verre de vin, et ayant versé dessus un peu d’eau tiède (38), elle me le présente à boire ; mais, avant que je l’eusse entièrement vuidé, elle me l’ôte en riant, le porte à sa bouche ; et les yeux attachés sur moi, boit le reste à petits traits. Nous redoublâmes ainsi plusieurs fois tour-à-tour (39).

Etant donc animé par l’amour et par le vin, et brûlant du desir de parvenir au comble du bonheur, je jette ma couverture, et lui montrant l’impatience de mon ardeur : Ma chère Fotis, lui dis-je, aie pitié de moi, et hâte-toi de me secourir ; car tu vois, dès la première approche du combat auquel tu m’as appelé, que je me suis préparé de toute ma puissance, et si-tôt que j’ai été piqué de la première flêche de ce cruel Cupidon, cette vigne a tendu mon arc au point que je crains que la corde ne rompe s’il reste davantage ; mais, pour me faire encore plus de plaisir, délie tes cheveux, je te prie, laisse-les flotter en liberté sur tes épaules, et viens que je t’embrasse de tout mon cœur.

Dans l’instant elle ôta le reste des mets que nous