Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/428

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ne me refusez pas. Enfin elle fit si bien par ses caresses, qu’il lui accorda tout ce qu’elle vouloit mais le jour étant prêt de paroître, il la quitta.

Cependant les sœurs de Psiché informées du lieu où elle avoit été abandonnée, s’y rendirent en diligence. Si-tôt qu’elles y furent, elles se mirent à pleurer, à se frapper la poitrine, et à s’affliger si violemment, qu’elles faisoient retentir les rochers de leurs cris et de leurs sanglots. Elles appelloient sans cesse leur sœur par son nom, tant qu’enfin les échos (3) portèrent leurs voix plaintives jusqu’à elle. Psiché tremblante et toute hors d’elle-même, sort vîte de son palais : Eh ! qu’avez-vous, leur cria-t-elle, à vous affliger de la sorte ? voici celle que vous pleurez ; cessez de pousser ces cris douloureux, et séchez vos pleurs, puisque vous pouvez embrasser celle qui en étoit la cause. En même-temps elle appele le Zéphir, et lui ayant dit l’ordre de son mari, il part ; et dans le moment, enlevant ses sœurs, il les apporte proche d’elle, sans leur faire aucun mal.

Elles s’embrassent mille fois, et leurs larmes qui s’étoient arrêtées recommencèrent à couler par l’excès de leur joie. Entrez chez moi, leur dit Psiché, venez vous consoler et vous réjouir avec votre chère sœur. Avant que d’entrer, elle leur fit remarquer la magnificence de son palais, et la beauté de sa situation ; elle leur fit voir les richesses immenses qu’il renfermoit ; et après leur avoir fait entendre ce grand