Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vous remercie, dit-il, et vous suis obligé de l’offre que vous me faites. Je vais reprendre le commencement de ce que je racontois ; mais auparavant je jure par le Dieu de la lumière, qui voit tout, que je ne vous dirai rien qui ne soit très-vrai, et vous n’aurez pas lieu d’en douter un moment, si vous allez dans cette prochaine ville de Thessalie, où cette histoire passe pour certaine parmi tout ce qu’il y a d’habitans, la chose étant arrivée publiquement et connue par conséquent de tout le monde. Mais, afin que vous sachiez auparavant qui je suis, quel est mon pays et mon trafic, je vous dirai que je suis d’Ægine (19), et que je parcours ordinairement la Thessalie, l’Ætolie et la Béotie, où j’achette du miel de Sicile, du fromage, et d’autres denrées propres aux cabarets. Or ayant appris qu’à Hipate, ville la plus considérable de la Thessalie, il y avoit des fromages nouveaux, excellens et à bon marché, j’y courus à dessein de tout acheter ; mais étant parti sous de mauvais auspices, je me trouvai frustré, comme il arrive assez souvent, du gain que j’espérois faire ; car un marchand en gros, nommé Lupus (20), avoit tout enlevé la veille que j’y arrivai. Me sentant donc fort fatigué du voyage précipité et inutile que je venois de faire, je m’en allai le soir même aux bains publics (21).

Dans le moment, j’apperçois un de mes camarades, nommé Socrates, assis par terre, à moitié