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CONTES DE PROVENCE

toute la bande s’abattit de nouveau sur les épis noircis et les tiges brouillées du morceau de moisson que le père Noé avait voulu laisser debout. Ah ! les braves petits oiseaux, c’était affaire à eux de secouer la neige qui tenait les chaumes, courbés. Ils travaillaient des pieds, du bec. Une vraie orgie, un pillage ! De tous les coins de l’horizon, friquets, pinsons, chardonnerets, venaient pour avoir leur part de l’aubaine ; et, se réchauffant à un rayon de bon soleil que laissait entrer la porte ouverte, le père Noé, de sa cabane, contemplait cela, souriant.

« En voici, en voici encore !

— Mais d’où viennent-ils en si grand nombre, monsieur Noé ?

— Figure-toi, petit, que, l’autre jour, j’avais donné commission à un merle d’aller publier par toute la contrée que la table était mise ici, chez un vieux fou qui va partir et qui a du blé de reste. La commission, paraît-il, a été