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FRIQUETTES ET FRIQUETS

limon et les roseaux, et la margelle un peu rongée par les lichens et par les mousses, tels qu’on en trouve au fond des vieux parcs ; n’allez pas vous imaginer, non plus, un de ces lacs minuscules, ordinaire décor des jardins anglais, dont le vol brusque de l’hirondelle égratigne le miroir verdâtre.

Ma pièce d’eau est plus modeste.

Elle consiste simplement en une terrine ébréchée, enfouie par moi au ras du sol, dans un coin de mon potager, à l’endroit où le robinet de la citerne qu’alimentent les pluies du ciel laisse goutter une onde avare.

N’importe ! cette goutte ainsi distillée, tombant de seconde en seconde, suffit pour maintenir pleine ma terrine, qui déborde même parfois ; et l’humidité, la perpétuelle fraîcheur ont développé tout autour une si puissante végétation de plantains, de menthes et de graminées qu’à quinze pas et l’œil cligné vous jureriez d’une vraie fontaine.

Certain mascaron Renaissance, provenant de la démolition des Tuileries, et que j’ai scellé dans le mur, augmente encore l’illusion… Est-ce que je mens, Colimas ?