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L’ÉCREVISSE

que trou, pour revenir la nuit prochaine. »

Et, chaque soir, prélevé sur la part du chat, nous réservions, pour l’écrevisse, un notable morceau de mou qui, chaque matin, avait régulièrement disparu.

Ce jeu dura bien trois semaines ; il aurait pu durer toujours.

À la fin, perdant patience, je déclarai au jardinier que, pour une pièce d’eau qui se respecte, une écrevisse toujours invisible est comme si elle n’existait pas, et que je prétendais, une fois au moins, de façon ou d’autre, voir mon écrevisse. « Pour sûr, vous la verrez tantôt. C’est juste aujourd’hui lune nouvelle. Il n’a a qu’à se mettre à l’affût pour quand é sortira de l’herbe. »

Dans son enthousiasme fraternel pour l’écrevisse morvandiote, ce jardinier ne voulait pas douter.

Tant de confiance finit par me gagner. Nous installâmes l’affût le soir même.

La lune, en effet, se leva, inondant de ses clartés blanches ma terrine pareille à un lac pour de bon, derrière l’enchevêtrement des mauves et des graminées. Mais l’écrevisse