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FRIQUETTES ET FRIQUETS

n’apparaissait point. « Espérons, soufflait le jardinier, a viendra quand ce sera l’heure. »

Nous espérâmes fort longtemps.

Pourtant, comme minuit sonnait au village, une ombre furtive me parut se dessiner.

Je reconnus mon chat qui, allongé parmi les herbes, la patte arrondie en cuiller, proprement, sans éclaboussure, essayait, par petits coups secs, de faire sauter le mou hors de l’eau.

Tout s’expliquait ainsi :

Le chat, injustement frustré d’une portion de prébende, avait d’abord mangé l’écrevisse ; et, depuis, en sage qui connaît ses droits mais s’accommode aux circonstances, chaque nuit, il mangeait le mou… Est-ce que je mens, Colimas ?

Et Colimas, résigné enfin à répondre :

— Non, Goguelu, tu as dit vrai ! Je savais d’ailleurs, et dès le premier jour, le fin mot de l’histoire, ayant, tandis que je fumais ma pipe à la fenêtre, surpris ton chat en flagrant délit de pêche nocturne, et trouvé, le lendemain, dans le gazon, une pince de l’écrevisse.