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FRIQUETTES ET FRIQUETS

lage, vous venez laver le linge si loin ?

— Oh ! pas celui de tout le monde. Il y aurait pour sûr trop de peine. Rien que celui de la cousine, et le nôtre aussi quelquefois.

— La cousine… Quelle cousine ?

— Oui dà ! une proche cousine qui est grande dame à Paris. Elle joue dans les comédies… Regardez-moi voir sur la haie, avec ces ajours, ces fleurs à l’aiguille, si on ne dirait pas livrée de reine ?… Bonne personne, la cousine ! Oui, bonne personne et pas fière, quoique originale un tantinet… Figurez-vous que de tout temps elle nous garda sa pratique. Seulement, elle a mis pour condition que ses atours seraient lavés non pas au lavoir du village, mais ici, où l’eau est toujours belle et neuve, puis étendus sécher à même l’herbe et les buissons, de manière que, suivant le mois, ils fleurent le thym ou l’aubépine… C’est-y drôle, les idées des gens ! Elle m’a conté comme ça que ces odeurs-là sur son corps la faisaient aimer de qui elle aime.

Marius se sentit ému. La lavandière bavardait toujours.

— C’est même moi qui, toutes les semaines