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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Sous prétexte de parler encore de Petit-Rouget, Hortense, bien que la pluie eût cessé et que l’heure de son magasin pressât, voulut bien accepter de faire à mon bras dans les allées et les parterres un léger tour de promenade.

L’heure était charmante. Peu de passants. Rien, çà et là, que des jardiniers balayant les feuilles tombées, ou tondant les pelouses avec leurs tondeuses à roulettes dont l’actif acier faisait jaillir, au milieu d’un nuage de gazon haché menu, des milliers de marguerites décapitées.

Les alignements sévères du jardin du Roy, non plus que ses richesses botaniques, touchèrent peu l’âme ingénue d’Hortense.

Malgré mes savantes explications, les deux palmiers-éventails donnés à Louis XIV par le margrave Charles III, avec leur tronc mince et galeux, leur tignasse de feuilles rèches, ne lui arrachèrent que cette déclaration de principes : « Merci alors, j’aimerais mieux pour deux sous d’œillets dans un pot. »

Et, lorsqu’en désespoir de cause, je voulus lui conter la légende du cèdre et du chapeau