Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
FRIQUETTES ET FRIQUETS

sans reproche et sans peur, au hasard de la rencontre ou de la commodité, les plus fantastiques costumes, Brisacier que je vois encore coiffé en plein hiver d’un panama rapporté d’Andalousie et laissant flotter sur un gilet jaune une cravate rouge constellée de perroquets bleus, Brisacier enfin, l’adorable et chimérique Brisacier, vint un matin me trouver dans ma chambre.

— Écoute, dit-il, j’ai une confidence à te faire et un service à te demander.

— Voyons la confidence !

— J’aime Louisette.

— Mais je l’aime aussi, elle est presque ma maîtresse !

— Presque seulement. D’ailleurs, peu importe ! et ma conscience est tranquille, car je suis sûr de l’aimer beaucoup plus que toi.

— Soit ! explique-moi maintenant quel service…

— Voilà : J’aime Louisette éperdument, comme je n’ai jamais aimé. Mais je suis gauche avec les femmes ; par-dessus le marché l’excès d’amour rend timide ; j’ai peur que Louisette ne me raille, et j’ai compté sur toi…