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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Oui ! je me revoyais, pipe à la bouche et chapeau mou, au temps de la belle jeunesse, par un pareil soleil, sur la même chaussée, précédé d’une douce amie et suivi, à trois pas, d’un chien.

L’amie s’appelait Rosalinde, tout au moins le prétendait-elle. Le chien, lui, n’avait pas de nom. Je vous expliquerai pourquoi.

Alors comme aujourd’hui la neige et le gel de l’étang étincelaient à la lumière ; comme aujourd’hui, un clair rayon allumait mille pierreries dans les masses de jonc flétris qui s’échevelaient sur ses bords.

Et Rosalinde était ravie, et le chien trottant, langue tirée, essayait sans conviction de partager les enthousiasmes de Rosalinde.

Je ne savais rien de Rosalinde ; Rosalinde n’en savait guère plus long à l’endroit de son chien.

Pauvre toutou errant blotti sous une porte, Rosalinde l’avait adopté la veille, et moi je venais d’adopter Rosalinde le matin même. Les choses se passaient ainsi, autrefois, au Quartier Latin.

La rencontre eut lieu, avec Rosalinde, non