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LA PETITE PERSONNE BIEN TRANQUILLE

Sur ma gauche, dans un pâquis, libres comme les étalons de Camargue, se serraient, apeurés et les oreille frémissantes, une trentaine de chevaux mis au vert, tandis que devant moi, mirliton en main, la petite personne bien tranquille s’apprêtait à diriger un orchestre de violonistes dépenaillés et de harpistes en haillons.

C’était une troupe d’Italiens se rendant à la Grenouillère, comme nous, que la petite personne bien tranquille venait de rencontrer et qu’elle avait engagés, sans hésitation, pour me faire la surprise d’une sérénade en plein air.

— Un, deux, trois !…

Les chevaux s’étonnent, s’ébrouent. Ah ! mon ami, quelle galopade ! — Assez, arrêtez, mais vous êtes folle ! criais-je à la petite personne bien tranquille qui sans rire me répondit : — Flûte alors, si une personne bien tranquille ne peut pas s’amuser un peu, bien tranquillement, le dimanche !

Ce furent ses dernières paroles. Elle s’était élancée sur un des chevaux qui passait et je la vis disparaître, en plein tourbillon de cri-