Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
FRIQUETTES ET FRIQUETS

Pourtant, comme il était généreux, et qu’il savait à propos donner des billets de théâtre, les concierges avaient tout de même pour Gandolin une certaine considération vague, et lui toléraient, feignant de ne rien voir, ses chiens perdus et ses maîtresses d’un soir.

Il y a quelque temps, je rencontre Gandolon ; son œil est voilé de tristesse :

— Que t’arrive-t-il ?

— Il m’arrive qu’un ancien ministre est venu s’installer, quai Voltaire, dans le vieil hôtel où j’habite, et que nous voilà réduits, moi et mes livres, pour le prochain terme, à la nécessité cruelle de déménager.

— Tu as donc horreur des ministres ?

— Au contraire, et voilà bien ma mauvaise chance ! Le ministre dont il s’agit se trouve être mon compatriote. Ayant appris que nous logions à peu près sous le même toit, il me traite en voisin, il m’invite à dîner : chère exquise, société charmante.

— Et tu te plains ?

— Mais comprends donc… à cause de mes… Tu devines…

— À cause de tes chiens perdus ?