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LES CADRES DORÉS DE GANDOLIN

— Juste ! Suppose qu’un matin… les ministres sont matineux… en voyant sortir de chez moi… Non ! mieux vaut que je déménage.

Et Gandolin partit, l’œil plus triste encore, l’âme en peine, interrogeant les écriteaux.

Deux semaines plus tard, inquiet un peu, je vais rendre visite à Gandolin. Il est seul, en compagnie de ses bouquins. Il m’accueille avec un bon rire :

— Je te croyais déménagé ?

— Plus n’en est besoin. Au plus profond de mon embarras, une idée sublime m’est venue.

Et, me montrant dans un coin un tas de petits cadres en bois doré :

— Tiens, regarde.

— Explique-moi en quoi ces cadres…

— Voici. Quand, à l’heure inévitable des adieux, quelque petite amie provisoire me quitte après l’obligatoire offrande, je lui fais toujours maintenant cadeau d’un de ces cadres par surcroît. Il faut raconter des histoires : c’est une occasion que j’ai eue, par hasard, à l’hôtel des Ventes. Un cadre n’est