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FRIQUETTES ET FRIQUETS

peint bien la douceur d’âme du bon peuple parisien.

Invité à dîner vers ces parages par un ami, doux philosophe, lequel connaît le secret du parfait bonheur, puisqu’il peut au réveil, avant les austères devoirs, constater les progrès de trois plants de salade lui appartenant, et distribuer, cueillies de sa main, quelques herbes à des lapins familiers, j’avais pris, un peu en retard, mon vieil omnibus de Plaisance.

Premier occupant de la plate-forme, et sûr de n’être pas dérangé, je venais, avec un sentiment d’épicuréisme exagéré peut-être, d’allumer un modeste cigare.

L’omnibus roulait, plein dès le départ ; du moins je le croyais ainsi. Pourtant, à la montée qui précède la rue de Vaugirard, il s’arrêta ; et je constatai que la plaque indicatrice ne portait pas le mot complet. Dans l’intérieur, en effet, par grand hasard, une place se trouvait inoccupée.

J’explorai du regard la rue. Nulle apparence de voyageur. Seulement le conducteur était descendu et, la tête baissée vers le pavé, il causait avec quelque chose.