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HUMILIATION

Elle était charmante, la cousine !

Par suite de je ne sais quel magnétisme, nos regards s’étant rencontrés, elle avait fini par ne plus parler que pour moi, heureuse de mon attention, désireuse d’être approuvée. Il fallut me mêler à la causerie, ce qui n’avait en soi rien de désagréable. Maintenant la cousine me serrait un peu, involontairement, mais elle me serrait. Je sentais ses genoux, ses bras ; et, doucement ému de son contact, caressé à chaque cahot par la soie de ses boucles blondes, je me promettais de descendre en même temps qu’elle à la station où elle descendrait pour cultiver, s’il y avait lieu, notre naissante sympathie. Qui sait ? un 14 Juillet, avec les bals, avec la foule…

Tout en roulant ces pensées perverses, je mettais une hypocrite diplomatie à paraître ne m’occuper que du petit facteur.

— Et l’avenir ?

— Oh ! l’avenir, monsieur, est superbe, dit la cousine. L’administration prête des livres aux petits facteurs, et les oblige à étudier dans les bureaux, entre deux dépêches.

— Puis, interrompit le petit facteur, après