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LE COCHON

— Je sortais alors du collège, mélancolique, et promenant à travers le temps et l’espace cet état d’âme particulier à la jeunesse qui s’appelle besoin d’aimer.

Amoureux, je l’étais oh ! de toutes les femmes, mais sans qu’aucune d’elles s’en doutât.

L’homme est sur ce point, vous le savez la plus maltraitée des créatures. Ceux que notre orgueil appelle des frères inférieurs savent, quand vient la saison d’aimer, s’embellir de façon spéciale, revêtant un poil plus lustré, un plumage aux couleurs plus vives, allumant même dans la nuit des parures phosphorescentes pareilles aux pierreries.

L’homme amoureux, lui, n’a pas d’uniforme, la femme amoureuse non plus.

De sorte que, chaque jour, d’innombrables Roméos avec de non moins innombrables Juliettes, se rencontrent, se frôlent, mais ne se reconnaissent pas. Et c’est un malheur qui, par exemple, n’arrive jamais aux vers luisants.

J’avais bien essayé de fixer un peu ces va-