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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Vainement je protestai, alléguant la bise et la froidure, l’état des chemins, les bois dépouillés… « Eh bien, après ? ça empêchera-t-il de cueillir des violettes ? »

Cueillir des violettes était son idée, idée fixe de Parisienne ! et, comme nous lui assurâmes qu’en février les violettes ne flânent guère sous les arbres, elle parut tout étonnée. Ne vivant avec Jacques que depuis le printemps, son éducation paysanne se trouvait encore incomplète.

Hermance n’en démordit pas, cependant…

Un ciel tout sombre, un temps de loup ; et, seul bruit vivant dans le silence glacé du bois, des cris de corbeaux sur nos têtes.

Hermance marchait devant et portait un vaste panier. Elle était très gaie, plaisantant nos mines furieuses et résignées.

Arrivés au bord de l’étang, Hermance ouvrit le panier mystérieux et en tira, l’un après l’autre, toute une collection de ces maigres bouquets d’un sou que vendent, sous une porte, les pauvresses. « Et voilà ! disait-elle, quand il n’y a pas de fleurs, on s’en procure ; ce n’est pas plus malin que ça ».