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FRIQUETTES ET FRIQUETS

destes, je connais un admirable coin de paysage.

C’est au plateau de Châtillon, d’où le regard s’étend d’un côté sur Paris immense et blanc, pareil, avec sa mer de toits, ses dômes d’or perçant la brume, ses pont, son fleuve, ses collines chargées d’édifices, à quelque vision de féerie ; et, de l’autre — il n’y a qu’à se retourner ! — sur une étendue de landes incultes et de solitaires labours que limite tout à l’horizon la ligne violette des futaies.

Endroit antithétique, à souhait pour le rêve ; mais je ne vais guère y rêver.

Épris de nature franchement rustique et n’éprouvant qu’une maigre satisfaction à jouir de fleurs achetées, j’y vais, aussitôt que mars pointe, faire, pour ma table de travail et les angles de ma cheminée, provision de fleurs parisienne qui, par surcroît, ne coûtent rien.

L’ajonc prospère là comme en pleine Bretagne ; et, quand l’ajonc se montre par trop retardataire, philosophiquement je me rattrape sur les branches du « saule-marseau »