Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/169

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— « Elle est si noble ! elle est si belle, la demoiselle du Puget-Maure ! Belle et brune comme Sara, noble comme la princesse dont elle m’apporta les fleurs. Si elle voulait, nous la ferions reine. Mais elle ne veut pas, son Destin est ailleurs… Nous la ferions reine au village des Saintes, selon la coutume, dans le rond de nos chariots, sur un trône en plein air, parée de diamants et d’or. Et le peuple l’admirerait, et de la voir ainsi, les gardiens de Camargue, serrant le mors à leurs chevaux blancs, envieraient et deviendraient pales… »

La vieille ne s’arrêtait plus.

— « Partons ! » dit Norette qui feignait de rire, mais visiblement gênée, en ma présence, par ce flux d’énigmatiques paroles.

Le soleil avait disparu. Nous dûmes nous presser pour être de retour au Puget-Maure avant la nuit.

Cependant Norette, ingénument exaltée, me racontait qu’elle s’appelait Sara, comme sa mère, et que sainte Sare était leur patronne. Maintenant, elle se sentait plus heureuse, sûre de la protection de sainte Sare pour quelque chose qu’elle ne me disait pas, mais que son