Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/174

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— « Bon ! voilà la lune qui passe derrière le pic de l’Aigle, nous en avons pour cinq minutes à n’y rien voir. »

Comme si un rideau fût tombé, tout le jardin se trouva dans l’ombre. Nous cessâmes de parler. La main de Norette chercha ma main.

Et quand, par degrés démasquée, la lune pleine reparut, je n’avais plus à être jaloux de Ganteaume…

Oui ! il serait prudent de partir.

Mais tout semble se conjurer contre moi : la lune après le brouillard, et le mistral après la lune.

Ce matin, comme je m’apprêtais, le départ irrévocablement décidé, à traverser la place pour régler mon compte au Bacchus navigateur, je me suis heurté contre Saladine qui, fiévreuse, verrouillait la porte, en général grande ouverte, du passage d’âne.

— « Sortir ? Jésus, Marie ! y pensez-vous ? s’est-elle écriée, les yeux au ciel, en faisant craquer ses mains ridées. Mais, par un temps pareil, le Père Éternel resterait chez lui. Écoutez un peu cette musique. Il pleut des tuiles, les arbres se rompent, l’eau des fontaines s’en-