Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/198

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pour épouser une cousine. Non qu’ils l’aimassent ! Elle était, il est vrai, admirablement belle ; mais aussi pauvre l’un que l’autre, s’étant ruinés, l’aîné à faire ses caravanes sur mer, l’autre dans les tripots d’Avignon sous prétexte d’étudier la médecine, c’est surtout le secret du trésor qu’ils désiraient d’elle.

« Aucun ne voulait céder. Ils se querellèrent, et le cadet souffleta l’aîné.

« Puis, sans que personne les vît, un soir, tous deux Caïn, tous deux Abel, ils allèrent dans la montagne, du côté de la chapelle que déjà un ermite gardait.

« Au milieu de la nuit, l’ermite crut rêver que quelqu’un frappait de grands coups à sa porte, et s’éveillant, il entendit crier : « Au secours ! J’ai tué mon frère ! » Alors, étant sorti, il vit à la clarté des étoiles, dans l’herbe du cimetière, un jeune homme étendu, dont un cavalier, plus âgé, mais lui ressemblant singulièrement, soutenait la tête.

« Comme le jeune homme se mourait, l’ermite le confessa. Et quand le jeune homme fut mort, le cavalier qui se tenait debout, appuyé au mur, dit : « Mon père, il est grand temps