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LA CHÈVRE D’OR

C’est le fournier en train de parcourir le village, annonçant l’heure des levains aux gens qui, demain, doivent cuire, et s’arrêtant sous les fenêtres, au lieu de cogner et de monter, moins par paresse que par besoin décoratif de remplir du bruit de sa voix le grand silence de la nuit.

Galfar a disparu. Une vitre luit, Saladine se lève.

Après quoi, la vitre de nouveau s’obscurcit ; et, sur les briques de l’escalier, sur les galets du passage d’âne, j’écoute un instant les pas traînants de Saladine qui s’en va ; tandis que, s’éloignant pour d’autres fournées, le fournier jette son appel : « Oh ! Myon… oh ! Nore… oh ! Madon… » de plus en plus indistinct et vague.

Je m’étais cru débarrassé de mes voleurs. Terrés un instant, ils ont reparu aussitôt Saladine définitivement partie.

Que faire, seul contre quatre ! Réveiller Ganteaume qui dort là-haut, au-dessus de ma tête, dans le grenier ? Ganteaume, certes, a l’âme héroïque. Mais il doit rêver de Norette ; mieux vaut le laisser à ses songes.