Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/23

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par une demeure rustique dont la singularité m’intéressa.

C’était, au pied d’un rocher à pic, une de ces cabanes basses spéciales au delta du Rhône, faites de terre battue et de roseaux, et d’une physionomie si caractéristique avec leur toit blanc de chaux, relevé en corne.

Le rocher, évidemment, plongeait autrefois dans la mer ; mais l’amoncellement de sables rejetés là par les courants, l’alluvion d’une petite rivière dont l’embouchure paresseuse s’étale en dormantes lagunes avaient peu à peu fait de la baie primitive une étendue de limon saumâtre coupée çà et là de flaques d’eau où poussent des herbes marines, quelques joncs et des tamaris.

Trouver ainsi, en pleine Provence levantine, une minuscule Camargue et sa cabane de gardien avait déjà de quoi me surprendre ; mais mon étonnement fut au comble quand j’aperçus, raccommodant des filets devant la porte, une femme vêtue du costume rhodanien.

À mon approche, l’homme sortit. Je le saluai d’un « bien le bonjour ! » Au bout d’un mo-