Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/87

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allés chercher en pompe dans la montagne. Ils ont orné l’immémoriale statue de grappes de raisin nouveau. Sous son brancard d’où pend une étole, les enfants passent et repassent, sûrs par ce moyen de devenir forts et courageux ; et en avant de la procession, les jeunes gens, pour honorer le saint, font parler la poudre.

Après, on le ramènera là-haut, à la chapelle solitaire qu’il habite toute l’année, debout sur l’autel et regardant, de ses yeux de bois, par l’étroite fenêtre grillée à travers laquelle, parfois, quelque rare pèlerin jette un sou, le roc que domine la chapelle, violet de lavande au printemps et gris dès le mois d’août, sous sa couche d’herbes brûlées.

La nuit nous promet d’autres joies.

Après le souper, qui a lieu à huit heures selon l’usage, il m’a fallu, en compagnie de M. Gazan et de Norette, aller voir les danses.

J’espérais un bal, pas du tout ! ici les femmes ne dansent pas ; la danse est un exercice viril réservé aux hommes.

Sur deux rangs, portant des épées, au son du tambourin, à la clarté des torches, une douzaine de gaillards costumés bizarrement ont