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Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/121

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JEAN-DES-FIGUES.

partout, aux arbres, aux rochers, aux brancards des charrettes ; les gens écoutent des messes, suivent des processions, ripaillent et boivent, et cela dure ainsi plusieurs jours.

S’il meurt par hasard quelque bête dans l’intervalle, ce sont les bohémiens qui héritent de la peau. Précieuse aubaine ! Aussi, de temps immémorial, avions-nous sur ce point l’habitude d’aider un peu à la nature : on se promène, la nuit, innocemment autour des feux, on jette quelques menues branches d’if dans le foin que mangent les bêtes, les bêtes meurent à l’aurore ; mais on use de discrétion, car encore ne faudrait-il pas qu’il en mourût trop.

Cette année-là, paraît-il, quelqu’un de nous eut la main pesante, et les montures, un beau matin, se mirent à tomber comme des mouches. On se fâcha, les gendarmes vinrent, arrêtant tout dans la caravane ; par bonheur, j’étais dans le bois à ce moment, je vis la bagarre de loin, et l’occasion me sembla bonne de reprendre le chemin de Marseille.

— Enfin !… soupira Jean-des-Figues.

— Nous partîmes donc, continua Roset.

— Comment cela, Roset, vous partîtes ?

— Il faut vous dire, répondit l’enfant devenue toute rouge, que je n’étais pas seule dans les bois. Il y avait aussi Jourian Soubeyran, un ami de mon mari et le propre frère de celle qu’on avait voulu lui faire épouser. A Marseille, Jourian me perdit. Je me mis