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Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/209

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LE TOR D’ENTRAYS.

Le père Antiq jura et rattacha la chèvre à distance.

Mais quoi ! dans la loge à cochon, loge sans toit, bâtie sous l’escalier, des bruits singuliers s’entendaient. Se haussant par-dessus le mur bas, le père Antiq vit son goret qui, plongé dans l’auge, travaillait du groin, et reniflait, et triturait goulûment les plus belles pommes de terre de la récolte.

Cette fois le père Antiq n’y tint plus ; il se précipita par l’escalier tournant et noir qui s’ouvre en un coin de l’étable :

— Ah ! Cadet Ah ! tron dé Diou ! criait-il.

Dans la chambre, il vit table mise, nappe blanche et service de vieux Moustier. Un feu clair brillait, et Cadet, assis sur un escabeau, d’une main tournait la broche, tandis que de l’autre il arrosait un poulet en train de roussir.

— Asseyez-vous, père, le dîner va être cuit ! dit Cadet.

Mais, voyant une grande colère briller dans les yeux du vieillard, philosophiquement il ajouta :

— Père, ne vous fâchez point, c’est Estève qui paye la fête !