Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/122

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terie, les pendeloques sauvages, les colliers en perles soufflées, énormes et roses, qu’on vend au coin des portes sur des éventaires, ainsi que les rubans défraîchis et canailles qu’étalent par terre les camelots.

Son plaisir, dans la rue, est de se bourrer de galette et de chausson aux pommes. Heureux encore l’amant du jour, si, prise d’une rétrospective fringale et se rappelant les faims d’autrefois, elle n’exige pas qu’on lui achète, pour les croquer séance tenante, sans ombre de respect humain, un cornet de frites.

La vie de Marthe, depuis trois mois, est comme le rêve d’une enfance recommencée.

Aussi, figurez-vous : sa joie quand un ami, qui peut-être croyait railler, lui a offert pour ses étrennes une poupée.

— Une poupée avec de vrais cheveux, qui dit quelque chose et remue les yeux !…

Marthe en eût presque pleuré de joie.

Depuis, elle ne la quitte pas, ce qui, quelquefois, amuse les gens. Elle la promène partout et ne peut plus dormir sans elle.

Hier, devant une de ces vitrines de jouets qui se font plus tentantes aux approches du jour de l’an, Marthe aperçut une fillette, comme elle jadis déguenillée, et qui, retenant son haleine, souriante, presque en extase, regardait le monde des poupées qui, dans l’éblouissement du gaz, semblaient vivre.