Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/129

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joue, même aujourd’hui, et c’est heureux, parmi la jeunesse, un rôle plus important qu’on ne croit. Bien des petits romans attendrissants de candeur et d’ingénuité se nouent et se dénouent dans ces cafés trop calomniés, sous l’œil bienveillant des caissières. Il y aurait certes là pour un psychologue attentif et pénétrant de curieux sujets d’études. Mais en faudrait-il, si l’on voulait pousser l’enquête à fond, en faudrait-il boire, tout en observant, en interrogeant, de ces petits verres ! En faudrait-il vider de ces flacons de liqueurs qui brillent au gaz, sur les étagères, éblouissant l’œil par une diversité de tons capables de défier la palette des plus enragés coloristes ! Aussi, comme je comprends que, jusqu’à ce jour, devant un pareil travail, les psychologues aient reculé.

Pas tous cependant ! J’en connus au moins un, mort à la peine, qui consacra dix ans de sa vie à creuser méthodiquement la question. Paresseux plus qu’un loir et peu préoccupé de la gloire, ce sage n’écrivait jamais. Mais quelquefois il daignait entr’ouvrir les lèvres et lâcher dans une bouffée de cigare le résultat de ses profondes et paradoxales observations.

Il nous disait un soir — c’était précisément au retour d’une fête à travers champs comme celle qu’ont organisée, le premier de ce mois, les habitués du Diane — il nous disait, montrant les promeneuses qui, le teint fouetté d’air