Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/147

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Mais j’avais juré : je ne battis point ! Je ne battis point, et j’eus tort ; car, phénomène étrange, malgré cette abstention méritoire, le lendemain matin, le bras de Némorine avait des bleus, des bleus tout frais.

Je les constatai, bien que la pauvrette s’en cachât, effrayants, énormes, sans nombre.

Et cette découverte me navra.

Et, décidément, quoique navré, je dus ajouter foi à une lettre anonyme reçue de la veille, me racontant que la grand’tante des Lilas n’existait point, ou plutôt que cette grand’tante était un cousin, ancien musicien des carabiniers, présentement bugle en second au bal de l’Élysée, cousin que Némorine aimait depuis l’enfance, et qui la battait, lui, sans se faire prier, par principe et par goût.

Vous avez compris ?

C’était, ô prévenance féminine ! c’était pour m’épargner le soupçon, pour justifier et légitimer à mes yeux les bleus hebdomadaires du bugle, que, pendant six mois, au moins une fois par semaine, Némorine avait dépensé à se faire rouer de coups des trésors d’invention et de génie !