Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vient ouvrir. Bon ! pense l’abbé, c’est la gouvernante… Il demande Jean-de-Dieu Lèbre, artiste peintre. — « Monsieur Jean-de-Dieu est allé faire sa promenade du matin et ne peut tarder à rentrer. Si monsieur l’abbé veut attendre ?… » Et la petite vieille dame introduit l’abbé dans un salon d’un luxe discret, sans bibelots, sans étoffes criardes, car Jean-de-Dieu a les goûts simples et n’appartient pas à cette race d’artistes qui, pour peindre une botte de radis, se déguisent en héraut d’armes.

Tout en attendant, l’abbé regarde. Il remarque un portrait dans un cadre d’or, sur la cheminée. Il reconnaît Adalgise telle qu’il l’a rêvée l’idole de chair, aux grands yeux noirs, à la bouche rouge, et si diaboliquement belle que son âme en reste troublée. Le portrait vous fait déjà peur ? que sera-ce, mon pauvre abbé Lèbre, quand vous verrez la vraie Adalgise !

L’abbé invoque saint Antoine, et une inspiration lui vient.

La dame trotte, remue le feu :

— « Vous me pardonnerez, monsieur l’abbé, il faut que je prépare la tisane. »

Si je me confiais, se dit l’abbé, à cette bonne et digne personne ? Le scandale doit lui déplaire c’est une aide toute trouvée.

Il cause, interroge, et, sans se faire connaître encore, s’informe de l’existence que mène à Paris son aîné.