Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/222

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exquise que le diable enlève ! entreprit de m’initier aux sublimités des grandes passions.

Pourquoi, dans l’intérêt même de l’expérience qu’elle rêvait, pourquoi au lieu de choisir soit un poète aux rimes funèbres, soit un romancier jérémiaque et désabusé, gens qui ont pour mission sur terre de barbouiller d’encre le ciel bleu et nos cerveaux de visions noires, prit-elle fantaisie de s’adresser à moi homme, j’en rougis ! tout matière, et d’un prosaïsme tel qu’il me fut toujours impossible de comparer les femmes aux fleurs, les femmes me donnant plutôt la sensation de beaux fruits savoureux frais et veloutés dont l’affriolant souvenir me fait venir l’eau à la bouche. Quoi qu’il en soit, c’est à moi que Dianie s’adressa.

J’avais tort tout à l’heure de ranger Dianie dans la catégorie des femmes frêles et rêveuses. Rêveuse, peut-être ; frêle, pas !

Elle avait des traits fins, la taille souple et mince, un corsage aux contours modérés, mais qui pourtant la révélait grassouillette. Les cheveux élastiques et drus, pareils à des copeaux d’or ; ses lèvres épaisses un peu, et qui de roses, lorsqu’elle riait, devenaient rouges au voisinage des dents blanches, rachetaient ce que ses grands yeux inquiétants et bleus comme l’eau d’un golfe pouvaient avoir parfois de trop mélancolique.

Bref ! Suédoise ou Russe, avec un parler cris-