Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/246

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Une jeune personne entrait, parée, fardée, armée en course, et coiffée d’un de ces chapeaux à visière ogivale qui sont pareil au casque d’or des belles guerrières. Cependant, à regarder mieux, sa figure enfantine et naïve contrastait singulièrement avec l’effronterie de son costume. On en rencontre ainsi pas mal dans Paris, nées à coup sûr pour vivre vertueuses et qui ont manqué leur vocation.

La jeune personne prit place à une table voisine de la mienne, en face d’une glace où d’abord elle se regarda longuement. Après quoi, elle demanda les journaux illustrés et une bavaroise.

Au bout d’une demi-heure, la jeune personne parut s’impatienter. Évidemment, on attendait un ingrat qui ne venait point ! La jeune personne, pour tuer le temps, donna de son sucre à un chien, interrogea le garçon sur la marche de la pendule, et, le chat de la maison étant venu se frôler auprès d’elle, elle le prit et le caressa.

Ses talons battaient le parquet, ses yeux ne quittaient plus la porte.

Enfin, elle se déganta et demanda un buvard et de l’encre. Elle écrivit une lettre, deux lettres que successivement elle déchira.

Puis, au moment d’en achever une troisième dont cette fois elle paraissait satisfaite, la jeune personne se tourna vers moi, et d’un ton adorablement et comiquement désespéré :