Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/301

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du souvenir de Rousseau, tout cela pourtant avait fini par me mettre le cœur en joie ; de sorte qu’à minuit sonnant, revenus dans l’enclos des châtaigniers aux branches desquels maintenant se balançaient des lanternes multicolores, nous dansions, nous aussi, à la musique d’un horrible orchestre dont heureusement un souffle électrique et chaud, précurseur d’orage, emportait la bonne moitié par dessus les arbres, jusqu’aux étoiles.

Bientôt il tomba de grosses gouttes qui, battant avec un doux bruit le dôme épais des châtaigniers, d’abord firent reluire les feuillages, et puis éteignirent les lanternes. L’orchestre s’était tu, nos danseuses étaient parties ; et nous nous trouvions seuls à l’abri d’un champignon de chaume dont l’éclair, brillant dans le noir par intervalles, découpait le toit rond frangé de longues mousses allumées pour une seconde de myriades de diamants.

Ce champignon était pittoresque, mais l’ondée passait au travers. Il fut donc convenu qu’à la faveur de la première éclaircie on chercherait un autre gîte. Dans le village : auberges et portes fermées ! Un ivrogne attardé nous dit : « À Montmorency, rien à faire ; je vous offrirais bien ma maison, mais ma femme m’en a pris la clef… Le dernier train de Paris est loin… Il vous reste les hôtels d’Enghien… C’est encore le meilleur ; parce que si on ne vous ouvre pas