Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/309

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LE CORBEAU


Hier, en ouvrant ma fenêtre, à cette minute argentée qui précède le lever du soleil, j’ai vu un oiseau noir s’abattre sur l’arbre unique qui se dresse là-bas derrière le mur d’un jardin, au milieu d’un fouillis de maisons. Dans le réseau des brindilles nues où bientôt la feuille éclatera, tout seul l’oiseau noir semblait énorme ; et, le reconnaissant, je me suis dit avec un sentiment de joie profonde : — « Enfin, voici mon corbeau revenu ! »

Je ne suis même pas bien sûr de ne pas avoir parlé haut, car une vieille dame qui, à l’étage du dessous, arrosait les fleurs du balcon a relevé la tête, étonnée et me regardant avec l’air de commisération sympathique que les gens vivant de leurs rentes ont pour les poètes et les fous.