Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/343

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une nuée d’oiseaux rapaces tourbillonnait pendant que tout autour, bien que partout ailleurs la mer fût paisible, les flots paraissaient soulevés et tempétueux à cause de l’innombrable quantité de marsouins, requins, poissons-scie, poissons-porte-épée, et autres monstres qui, le groin en l’air, se pressaient dans son sillage.

Une odeur infecte s’élevait de la barque. Lorsque les moines l’eurent abordée, ils reculèrent aussitôt, épouvantés par le spectacle qui se présentait à leurs yeux. De l’avant à l’arrière, le pont était noir d’une boue sanglante, et dans ce sang, pareils à des naufragés dans le limon d’une plage, gisaient quantité de cadavres tous couverts d’horribles et larges blessures, et tous gardant, la hache au poing, les attitudes d’un combat tragique. Des tonneaux éventrés laissaient encore couler du vin ; et contraste étrange, à côté du mât, au milieu de ce théâtre de meurtre et d’orgie, il y avait une cuve d’un marbre rare, remplie jusqu’au bord d’eau limpide, où se reflétait l’azur du ciel.

L’idée qui vint naturellement à chacun fut celle d’un équipage massacré et d’une cargaison mise à sac par des pirates.

Mais il fallut abandonner cette supposition première lorsque, descendus dans l’entrepont, on vit que nulle part il ne s’y montrait la moindre trace de pillage. Tout au contraire regorgeait des plus admirables richesses : or,