Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/59

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toire les dentelles et les rubans de son bras droit qui ruisselait :

— Ah ! mais non, s’écrie-t-elle, ah ! mais non. Ce n’est pas commode du tout de se… brosser les dents avec des poissons rouges !

On se lève, on se précipite.

— « Mes cyprins ! » soupire Gaëtan qui, sans bien comprendre, flaire un malheur.

Plus de cyprins !

Sur les perfides indications d’Émile, la douce Angéline, curieuse comme toutes les filles d’Ève, n’avait pu se défendre d’essayer.

Bravement, manches retroussées, avec la ténacité de l’idée fixe, elle était venue à bout de les pêcher presque tous.

Quelques-uns effarés, cognant la vitre du museau, s’entrecroisaient dans l’eau agitée d’un dernier remous de tempête.

D’autres, déplorablement, gisaient sur le pavé de marbre, palpitant et pareils à des lingots d’or pourpre. Gaëtan avec soin les remettait dans le vivier, espérant les faire revivre. Mais combien, hélas ! au cours de la paradoxale expérience obstinément poursuivie un quart d’heure durant par la trop crédule Angéline, avaient disparu, engloutis pour toujours tout au fond du trou noir ouvert dans l’onyx ainsi qu’un insondable et dévorateur barathre !

Gaëtan jurait tous les dieux. « T’épatant ! » murmurait la douce Angéline stupéfaite du