Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/69

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Mais le Père ne se pressait point.

Campé sur ses larges semelles où la boue nouvelle des rues se superposait, sans la cacher, à l’argile du champ natal, tournant à droite, tournant à gauche selon les mouvements de la tête, son chapeau largement imbibé dont le rebord jetait l’eau de pluie en rigole et dessinait sur le tapis à fond rouge des arabesques d’arrosoir, le père Cochevis regardait les tables de marbre, le plafond semé d’amours roses, les glaces, le comptoir décoré de cristaux et de fleurs en gerbes, derrière lequel, entre une grappe de cuillères d’argent et une pyramide de sucre cassé, souriait impassible la caissière brune, reposée et grasse. Puis, satisfait de l’examen, il retira enfin son inamovible feutre, aussitôt secoué de manière à produire une définitive inondation, et proféra, d’un ton convaincu, les sages paroles que voici :

— « Pour être biau, c’est biau… Oui, biau et riche !… On dirait, nom d’un pain, la pharmacerie de Coutances. »

Dans l’idée du naïf rural, cette pharmacie de Coutances un jour entrevue était restée, paraît-il, comme le nec plus ultra des dorures.

La réflexion fit rire. Pourtant ni Glady, ni Clorinde, ni la Roussotte, ne daignèrent prêter attention à l’effet produit. Un peu surprises d’abord, un peu gênées même de cette reconnaissance imprévue, elles avaient pris leur