Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/79

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— Et voilà, continuait Marc-Aurèle, tandis que Loris soldait gravement son « taille et barbe », voilà pourtant à quel genre de connaisseurs on a affaire dans le quartier ! Trois francs soixante un Diaz authentique dont, pas plus tard que l’an passé, je refusai, oui, messieurs, trois mille. Après tout, j’ai tort de me fâcher, qu’attendre d’une madame Sylvine ?

— Sylvine ? interrogea Loris intéressé.

— Oui, Sylvine… Vous devez la connaître pour peu que vous soyez de Montmartre. Jeune, jolie sans doute, mais de l’esprit autant que les dindons qu’elle gardait ! Certainement, vous devez la connaître, elle ne bouge pas du Crabe d’Or.

Allons au Crabe d’Or, me dit Loris, et tâchons de voir cette Sylvine.

Vainement j’objectai que notre entrée dans une brasserie quelque peu borgne, à l’heure où Phébus dardait encore ses rayons, pourrait être mal interprétée par les notables commerçants du voisinage, Loris s’obstina :

— Bah ! qu’importe ? Un peu de honte est bientôt passée. L’expédition en vaut la peine. Tu n’imagines pas quel fonds d’enfantine naïveté persiste souvent chez ces petites malheureuses, folles de leur tête et de leur corps, que vous autres, gens de plume, embellissez pour l’étonnement du public de toutes sortes de grâces perverses parfaitement imaginaires.