Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/87

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précisément venait de se voir renvoyée d’un vague atelier où, après des parures en perles, des nœuds de cravates et des corsets brodés pour poupées, depuis une semaine elle gagnait sa vie en confectionnant, toujours sans avoir appris, un lot de couronnes funéraires. On comptait sur le choléra cette année, mais le choléra ne venant point, les commandes s’étaient retirées.

Béberte avait faim, c’était dimanche et il faisait beau. Le tout ensemble lui donna l’idée de se requinquer un brin, d’aller au bal et de déjeuner de galette.

Les comptes se trouvèrent bientôt faits ; il restait à Béberte huit sous : deux sous de rubans pour les cheveux, deux sous de roses pour le corsage, le reste pour le caprice et l’imprévu.

Comme elle n’avait pas de col blanc, elle prit une résolution héroïque ; d’un tour de main, avec quatre épingles, elle se décolleta en carré, ce qui la rendit tout à fait charmante en découvrant son cou, demeuré grêle, et la ligne déjà duvetée un peu de sa nuque.

Elle achevait donc de se sourire dans le fragment de glace cassée qui lui servait de miroir, quand tout à coup une pensée affreuse lui vint. Tombant sur sa chaise, les yeux dans ses mains elle pleura. — Pas de bas non plus ! Tous restés en souffrance, faute de paiement, chez la blanchisseuse, et à cause du mauvais temps de