Page:Arétin - La Puttana errante, 1776.djvu/39

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l’avocat pour m’être attiré son indignation jusqu’à ce point. Je lui dis toute l’histoire, et je lui fis voir tant de désagrément dans le commerce et dans la personne de cet homme, qu’il trouva mon dégoût bien fondé et fort raisonnable. Son cœur s’intéressoit à tout, et rien ne me convainquit mieux de la douleur où il étoit pour tout ce que j’avois souffert, que de le voir dans l’impuissance de pouvoir bander : Il me caressoit de toutes les façons ; cependant, son vit étoit toujours mou, et c’étoit, me disoit-il, parce qu’il pensoit qu’il l’alloit mettre en un lieu où tant de canailles avaient mis les leurs. Pour le mettre en humeur de bander, je mis tout en usage ; je me débraillai toute pour lui faire voir mon corps, et après lui avoir bien manié son vit, je le mis entre mes cuisses, alors il devint roide ; ma foi, il en étoit bien fourni. Comme il voulut me baiser, je le portai au derrière pour lui épargner le dégoût qu’il avoit de le mettre au con ; et parce qu’il ne s’en aperçut pas dans la fougue où il étoit, il me dit, comme il avoit peine à entrer, que je l’avois bien petit, quoique tant de gens y eussent passé. Je ne lui répondis rien. Lorsqu’il eut achevé, il sortit après m’avoir fait mille protestations de m’aimer toujours, si je voulois lui être fidèle. Le lendemain il me fit prendre le bain, me logea commodément et m’acheta des habits fort propres ; quelque temps après il me mena à Rome, où il alla auprès du cardinal qui étoit son oncle, et il me mit auprès d’une dame qu’il croyoit de ses amies. Je ne demeurai guère chez cette femme ; elle me déplut dès les