Page:Arétin - La Puttana errante, 1776.djvu/59

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Après bien des contorsions risibles, la Dervieux laisse placer ce qu’on lui présente. Les deux amis étaient cachés, mais quel est leur étonnement de voir le sapajou tirer six grandes plumes de paon, déboucher l’étui et les faire entrer dans des trous faits exprès. Il se met ensuite à un bout de la chambre, la fait promener à quatre pattes, et commence avec lui-même l’opération d’Onan, en contemplant la jolie perspective qu’il s’étoit faite. On croit bien que la T… et le magistrat, son digne accolyte, furent obligés de quitter leur cachette pour ne pas se trahir. Sur ces entrefaites et pendant que la petite folle se miroit dans les glaces et rioit de tout son cœur, le vilain propose de remplacer l’étuy. La belle, bien conseillée, se montre moins difficile, mais propose un autre rendez-vous, et met cet étrange pucelage à 500 louis. Peixotte n’est point effrayé, il accepte : on prend jour, on se sépare et l’homme emporte son éluy et ses plumes.

Alors la T… bâtit un projet. Il suivoit encore le barreau ; au jour nommé, ils arrivent son camarade et lui chez la petite, en robe du palais. Son valet de chambre, garçon robuste et d’une riche taille, qui par fois couroit sur les brisées de son maître avec la voluptueuse Dervieux, portoit un habit rouge, avec une tresse d’or et une épée, ce qui approchait beaucoup d’un sur-tout uniforme de nos anciens inspecteurs de police. Deux grands et vigoureux laquais en habit gris composoient le reste de l’escorte.